L’installation de Séverine Hubard s’inscrit dans un dialogue avec l’architecte utopiste du 18e siècle, Claude-Nicolas Ledoux, qui a édifié le château de Bénouville, situé sur l’autre rive du canal de Caen à la mer. Elle propose de construire avec fantaisie un projet non réalisé de l’architecte : la Maison des surveillants de la source de la Loue de 1768, en prenant comme point de départ une carte postale reproduisant ce projet.
Entièrement réalisé en plâtre, ce modèle visible à la Saline royale d’Arc-et-Senans fige l’eau de la source dans une coulée de matière solide. Inspirée par ce contraste entre la rigidité de la matière utilisée et la fluidité de qu’elle représente, Séverine Hubard poursuit cet usage insolite et transpose chaque élément de la maquette de Ledoux dans d’autres matériaux. En référence à l’univers du conteneur, celui du transport commercial et de l’industrie, elle choisit des matériaux de chantier ou liés au monde industriel. Sable, palettes, tuyaux, conteneurs deviennent la matière même de la sculpture.
Un double jeu se déploie alors : reconnaitre les matériaux détournés, apprécier l’inventivité déployée dans cette permutation et s’interroger sur le statut de cette installation dont l’échelle déstabilise le visiteur. Entre architecture miniature, maquette surdimensionnée et sculpture à taille humaine, la sensation de trouble se fait d’autant plus grande, que le château de Bénouville, véritable architecture, semble lui-même n’être qu’un modèle réduit avec l’éloignement. Séverine Hubard propose ici une sorte de monument précaire, en haut duquel le visiteur est invité à monter afin de bénéficier d’un point de vue nouveau sur le paysage alentour.
Sur une proposition des Bains-Douches (Basse-Normandie)