L’installation de Dominique Blais sur le site du Fort Hillman questionne les notions de déplacement et d’équivalence. Des deux conteneurs mis à sa disposition pour le Musée éclaté, l’artiste en a conservé un en l’état comme réceptacle, tandis que le second devient le matériau même de la sculpture. Selon un processus de transformation, il restitue les 3 tonnes de métal du deuxième conteneur sous forme de gueuses, masses de fonte brute grossièrement moulées.
À l’image des peintres impressionnistes, qui n’ont pas masqué l’inscription de la modernité dans le paysage, avec leurs vues de gares, de villes, et d’usines, Dominique Blais réinterprète ici la contemporanéité du territoire caennais. Les gueuses de fonte rappellent l’activité économique du port de Blainville-sur-Orne tout proche, où arrivent en vrac les matières premières comme le bois et le métal. Les gueuses, moulages de métal utilisés pour le transport du matériau brut, sont ainsi une référence à la nature même du conteneur et à sa fonction dans le transport de marchandises.
Entreposées en extérieur dans les ports, sans aucune protection, ces unités de métal subissent les intempéries et sont recouvertes d’une fine couche de rouille. Certaines gueuses présentées dans l’installation ont été chromées grâce à un procédé de transformation qui les rend inoxydables, et permet ainsi de les démarquer visuellement des autres moulages disposés dans le conteneur.
Dupliquant tout autant qu’il masque, l’artiste enfouit symboliquement un conteneur à l’intérieur de l’autre, entrant ainsi en écho avec le site Hillman, site fortifié entièrement enterré.
Sur une proposition du Musée d’Art Moderne André Malraux (Haute-Normandie)